Le sadomasochisme ou plaisir sexuel obtenu par la souffrance
Le mot sadisme fut forgé en 1886 par le psychiatre Richard von Krafft-Ebing à partir du nom du célèbre écrivain français Donatien Alphonse François de Sade, marquis de la coste et de Saumane (1740-1814) en référence aux pratiques hors normes du marquis.
Le livre le plus représentatif du sadisme est « Justine ou les malheurs de la vertu » qui fut publié en de son vivant en 1791.
Donatien Alphonse François de Sade, les Libraires associés, 1791
Le masochisme fut également forgé par Krafft-Ebing qui donna le nom de l'écrivain autrichien Leopold von Sacher Masoch (1869-1895) à cette perversion sexuelle en dépit du désaccord de Sacher Masoch lui même qui était encore vivant à l'époque. Le livre le plus représentatif du masochisme est le chef d'œuvre « la Vénus à la fourrure » écrit en 1870 par Sacher Masoch dans lequel le héros découvre le plaisir sous le fouet d'une femme dominatrice.
Définitions du sadomasochisme, du sadisme et du masochisme
Le sadisme est un comportement sexuel dans lequel le plaisir ne peut être obtenu qu’en infligeant au partenaire des souffrances physiques ou morales.
Le masochisme est un comportement sexuel dans lequel le plaisir ne peut être obtenu qu’en passant par sa propre souffrance physique ou morale.
Le sadomasochisme associe les deux formes précédentes de pulsions sexuelles : la jouissance ne peut passer que par la douleur et par l’humiliation, données ou reçues.
Ces trois types de comportements sexuels sont classés dans les perversions sexuelles, ou déviations sexuelles, lorsque la jouissance sexuelle est exclusivement obtenue par ce type de pratique sexuelle.
Cette notion d’exclusivité comportementale est donc très importante pour qualifier une pratique de perverse ou non.
Dans un couple, le sadomasochisme est beaucoup plus souvent un jeu sexuel qu’une pratique perverse, car elle n’est, généralement, pas la seule pratique qui permette au couple de parvenir à une jouissance sexuelle.
Il ne faut donc pas confondre le jeu sexuel sadomasochiste dans un couple qui, pour sortir de la routine sexuelle, a parfois recours à des jeux sadomasochistes pour obtenir du plaisir, avec la perversion ou déviation sexuelle, pratique exclusive pour parvenir au plaisir.
Il sera traité, ici, que du sadomasochisme non exclusif et librement consenti entre deux partenaires.
Origines du comportement sadomasochiste
Disons, tout d’abord, que chez tout individu coexiste une composante psychique sadique et masochiste, comme il coexiste une composante masculine et féminine chez tout être humain, sans faire l’amalgame entre le sadisme et le masculin, ou le masochisme et le féminin.
Ces tendances psychiques s’expriment à des degrés divers et lors de situations diverses. La tendance sadique se traduit par une position de dominant, ayant le rôle de faire souffrir ou d’humilier l’autre. La tendance masochiste se traduira par une position de dominé, ce sera donc celui qui souffre ou qui est humilié.
Comme il coexiste, généralement, chez une même personne les deux tendances sado et maso, un même individu peut avoir du plaisir sexuel, tantôt dans une situation de dominant, tantôt dans une situation de dominé. Mais, en fait, le plus souvent, une de ces deux tendances est plus forte que l’autre, et s’exprimera seule.
L'origine du sadisme et du masochisme se situerait, pour l'école freudienne, à la période sadique-anale de l'enfant, c'est-à-dire entre deux et quatre ans. C’est le stade des deux associations rétention-refus (pour le sadisme) et évacuation-don (pour le masochisme).
En psychanalyse, l’angoisse de castration pourrait être aussi en rapport avec le sadisme : châtrer l’autre, par crainte d’être châtré.
D'autres auteurs pensent que le plaisir sadomasochiste aurait ses origines plus tardivement, durant la petite enfance, lors de la découverte du plaisir du petit garçon ou de la petite fille, au cours des fessées.
Une autre explication : pour ceux qui considèrent le sexe comme étant « sale » et « punissable », suite à des messages parentaux allant dans ce sens, le droit à la jouissance ne serait acceptable qu’après une punition.
Enfin, pour d’autres, ce serait le dépassement de sa propre résistance à la douleur qui procurerait la jouissance.
Qui sont les amateurs de sadomasochisme ?
Le sadomasochisme sexuel associe généralement deux ou plusieurs partenaires consentants, contrairement au sadisme seul, qui peut s’exercer sur un partenaire non consentant, et contrairement au masochisme seul, qui peut s’exercer sur soi même, sans partenaire.
Les hommes ou les femmes qui ont un fort pouvoir social, donc dominants dans la société, ressentent très souvent dans leur intimité le besoin d’être dominés afin d’évacuer leur stress. Les scènes de films représentant des situations sado-maso montrent d’ailleurs, presque toujours, des hommes à fort pouvoir social se faire fouetter.
Jusqu’à ces dernières années, c’était l’homme qui avait le plus fort pouvoir social, mais maintenant, la femme détient de plus en plus un pouvoir social qui va grandissant.
Les films érotiques, concernant le sadomasochisme, ont suivi cette évolution, et l’on voit de plus en plus de femmes dans des situations de dominantes sur le plan sexuel. Le sadomasochisme reste, cependant, encore symbolisé par une femme à talons aiguilles, revêtue de cuir et harnachée d’un fouet ou d’un martinet.
Les magazines féminins parlent aussi de plus en plus du sadomasochisme, comme jeu sexuel, et vous trouverez facilement, dans ces revues, des adresses de boutiques spécialisées dans la panoplie complète de la parfaite dominatrice !
On estime à 6% les adeptes du sadomasochisme pur et dur, si l’on en juge par le nombre de clubs spécialisés dans cette pratique, 2 ou 3 clubs à Paris.
En fait, cette pratique pouvant se réaliser à domicile, il est fort probable que les adeptes du sadomasochisme, en tant que jeu sexuel, sont beaucoup plus nombreux, à en juger par la panoplie d’objets utiles à cette pratique vendus dans les sex-shops !
Pratiques sadomasochistes les plus courantes
Ce sont en général la fessée, la pose de liens (menottes ou autres) qui empêche le ou la partenaire de se mouvoir librement, l’utilisation du fouet ou du martinet, tenus par une partenaire à talon aiguille et vêtue de cuir.
Plus rarement ce peut être l’introduction brutale et violente d’objets dans les orifices anaux ou vaginaux, le fait d’uriner ou de s’exonérer sur le ou la partenaire, etc.
Par contre, les griffures ou les morsures qui sont données entre deux amants passionnés n’entrent pas dans le cadre du sadomasochisme, car elles le sont dans le feu de l’action, et non dans le but d’humilier ou de faire souffrir le partenaire.
De même, n’entrent pas dans le cadre du sadomasochisme, la sodomie ou l’éjaculation faciale, bien qu’il y ait un dominant et un dominé, car le but n’est pas de faire souffrir l’autre, mais uniquement d’augmenter l’excitation sexuelle.
Quant aux positions prises par le dominant ou le dominé elles sont évidentes. Le dominé sera, soit allongé sur le sol nu, soit à quatre pattes, soit attaché aux barreaux du lit, et le dominant, debout muni de ses attributs de dominant, fouet, martinet, cravache etc.
Conseils importants sur la pratique des jeux sadomasochistes
Il faut absolument, tout d'abord, que les deux partenaires se mettent d’accord pour éviter les débordements.
Vous devez bien préciser ce que vous accepter ou n’accepter pas et vous mettre d’accord sur un code, pour faire comprendre à l’autre, en temps voulu, qu’il ne faut pas aller plus loin.
Une bonne connaissance et la confiance en son ou sa partenaire, sont indispensables pour éviter tout débordement.
Le but du jeu, entre autres, est de demander à l’autre quelque chose qu’il ne fera pas, afin de pouvoir le punir.
Surtout, n’oubliez pas que dans ces jeux, le but n’est pas vraiment de faire mal à l’autre, mais de lui infliger une punition, plus symbolique que réelle !
Nous recevons un certain nombre de mails en particulier de femmes qui s'inquiètent d'une demande de jeux sadomasochistes de leurs partenaires. Nous avons pour habitude de leur répondre qu’il n’y a pas de problème tant que la situation en reste à des jeux qu’elles acceptent, et dans la mesure ou leur partenaire peut aussi avoir du plaisir au cours d’un acte sexuel classique.
Par contre, il faut se méfier, si le partenaire n’a de plaisir que par ces jeux sexuels, car on rentre alors dans le cadre d’une perversion sexuelle, et les limites seront, alors, beaucoup moins définies et beaucoup plus difficiles à faire respecter.
Il faut aussi que les femmes se méfient d'une tendance à l'escalade, de la part du partenaire masculin, qui pourrait les mener rapidement à des situations sadomasochistes violentes dont elles n'ont pas envie.
Nous conseillons aussi aux femmes de se méfier lorsqu’un nouveau partenaire annonce d’emblée son désir de jeux sado-maso. Je pense que dans ce cas, le risque d’un sadomasochisme, au stade de perversion, est très fort, et l’escalade, dans les jeux pervers, peut se faire rapidement !
Il faut donc être très prudent et savoir s'arrêter lorsque les situations deviennent trop violentes, et non consenties par les deux partenaires.
Les fantasmes sadomasochistes
Les fantasmes des hommes et des femmes ont très souvent une connotation sadique ou masochiste autour du thème du viol ou d’une soumission humiliante. Ces fantasmes font partie du hit parade des fantasmes sexuels !
En conclusion, n’oubliez pas que, si les jeux sado-maso peuvent apporter de la fantaisie dans votre sexualité, le sadomasochisme au stade de perversion risque de vous emmener beaucoup plus loin que vous ne le désireriez, avec les risques, physiques et psychiques, que cela comporte !
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