Stérilisation à visée contraceptive
La stérilisation masculine ou féminine, lorsqu'elle est désirée par une personne pour servir de moyen de contraception, est une intervention très souvent irréversible, ou dont la réversibilité n'est pas assurée. On parle donc de contraception définitive. Elle mérite une longue réflexion car elle signifie souvent l'impossibilité pour l'homme ou la femme concernée, de procréer à nouveau.
Sommaire
La contraception par stérilisation
Il est d'usage d'inclure dans les moyens de contraception la ligature des trompes de la femme et la vasectomie de l'homme. Dans la définition du terme « moyens de contraception » la notion de réversibilité est présente, alors que cette réversibilité n'est pas évidente en ce qui concerne la stérilisation quelle soit masculine ou féminine.
Les patients qui ont recours à ces techniques de stérilisation doivent considérer qu'il s'agit d'une contraception définitive, irréversible, même si dans certains cas il sera parfois possible au chirurgien de rétablir un potentiel de fertilité, le taux de probabilité d'avoir des enfants reste très en deçà de 50%.
La stérilisation féminine
La stérilisation féminine est bien connue sous le nom de ligature des trompes qui consiste, par voie coelioscopique, à ligaturer les trompes afin d'éviter le passage des spermatozoïdes et de l'ovule, empêchant ainsi la rencontre entre l'un et l'autre.
Mieux comprendre la ligature grâce à un schéma précis de l'anatomie des trompes de la femme.
Depuis 2002, une nouvelle technique moins traumatisante aboutit, maintenant, au même résultat sans l'acte chirurgical que représente la coelioscopie. C'est la technique dite Essure®. Au cabinet du gynécologue, sans anesthésie, le médecin introduit, par les vois naturelles, sous hystéroscopie (technique simple pour visualiser l'intérieur de l'utérus), un micro-implant souple dans chaque trompe afin de les obturer.
Cette dernière technique est donc assez simple et ne demande que 30 à 40 minutes pour être pratiquée. De plus elle ne laisse aucune cicatrice.
Le 09 décembre 2016, une procédure judiciaire a été entamée à l'encontre du fabricant, les laboratoires Bayer.
Quelque soit la technique utilisée la reperméabilisation des trompes peut être tentée et pratiquée chirurgicalement mais avec un taux d'échec très élevé.
La stérilisation masculine
Plus connue sous le nom de vasectomie, elle consiste à sectionner les canaux déférents (canaux par lesquels sont transportés les spermatozoïdes). Cette petite intervention peut se faire au cabinet du spécialiste, sous anesthésie locale.
Là encore il faudra contrôler au bout de trois mois l’éjaculât de l'homme pour s'assurer qu'il ne contient pas de spermatozoïdes.
Une reperméabilisation des canaux déférents pourra toujours être tentée par le chirurgien en cas de désir de procréation de l'homme mais là encore le taux d'échec est très élevé ce qui doit faire considérer la vasectomie comme irréversible.
Il est toujours proposé à un homme qui choisit la vasectomie de conserver, préalablement à l'intervention, son sperme dans une banque de sperme en cas de désir de procréation ultérieure.
La contraception définitive en France
Durant de nombreuses années en France, la stérilisation à visée contraceptive fut interdite car jugée comme mutilante. Elle fut légalisée en 2001 par la loi Aubry (loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001 relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception) afin d'améliorer l'efficacité contraceptive en France.
Que dit la loi ?
Seules les personnes majeures peuvent y avoir recours il n'y a pas de condition d'âge ou de nombre d'enfants. L'unique condition est de respecter un délai de réflexion de 4 mois entre le premier rendez-vous où la demande est explicitement formulée et la confirmation écrite de la personne désirant se faire stériliser.
La loi précise également que « Un médecin n'est jamais tenu de pratiquer cet acte à visée contraceptive mais il doit informer l'intéressée de son refus dès la première consultation ». Cependant comme le code de la santé publique le stipule, en cas de refus le médecin se doit également de rediriger le ou la patiente vers un confrère qui acceptera de réaliser l'intervention.
Malheureusement la réalité est bien différente et l'accès à cette solution chirurgicale définitive ressemble encore souvent à un véritable parcours du combattant.
Un recours qui reste faible
Des enquêtes réalisées en 2010 et 2013 par l’ Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) et par l’ Institut National des Études Démographiques (INED), montrent que la stérilisation à visée contraceptive ne concerne qu'une « minorité : 3,9% des femmes et 0,3% de leurs partenaires masculins. »
Aujourd'hui, plusieurs années après sa légalisation, cette contraception chirurgicale reste toujours peu pratiquée France en comparaison avec d'autres pays.
« La stérilisation féminine est la méthode contraceptive la plus utilisée dans le monde (près de 30 %) devant le stérilet, la pilule et le préservatif. La stérilisation masculine, ou vasectomie, est beaucoup plus rare (moins de 4 % ). »
Word Contraceptive Patterns 2013
Peu de couples français ont recours à cette méthode contraceptive chirurgicale qui pourtant permettrait de diminuer le nombre de grossesses non désirés. Il semblerait donc que sa légalisation en 2001 n'ait pas changer les habitudes des français et des françaises en matière de contraception.
Pourquoi est-elle peu utilisée ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer pourquoi peu d'hommes et de femmes ont recours à ce moyen de contraception. La première est qu'elle est irréversible et que de nombreux médecins encore aujourd'hui n'approuvent pas qu'une personne veuille mettre un terme à sa fertilité. De nombreux témoignages sur le net montrent qu'il est souvent difficile de faire accepter ses choix notamment lorsqu'il s'agit d'avoir des enfants.
« alors que la stérilisation est la méthode la plus répandue dans le monde (notamment dans les pays anglo-saxons ou latino-américains), en France, le corps médical n’incite pas à recourir à ce choix définitif. Les modes de contraception français sont dominés par les méthodes médicalisées réversibles »
Note d’analyse n° 226 - juin 2011 du Centre d’analyse stratégique
Une thèse publiée en 2014 s'est intéressée aux freins éventuels en médecine générale à la diffusion de cette contraception. Elle révèle que si la plupart des médecins généralistes considèrent que la contraception définitive a bien sa place au sein des moyens de contraception disponible, il semblerait qu' « il existe un manque évident de connaissance de la part des médecins généralistes en matière de contraception définitive. Les médecins ne connaissent pas le cadre légal et les recommandations en matière de contraception définitive. » Du côté des patients, il semble exister également un manque de connaissance sur les méthodes possibles de stérilisation.
Sources
- Loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001 relative à l'interruption volontaire de grossesse et à la contraception
- Marie Romero, "Existe-t-il des freins à la contraception définitive en médecine générale ? Enquête auprès des médecins généralistes libéraux de bretagne, de midi-pyrénées et de normandie" Thèse d'exercice en Médecine générale, sous la direction de Thierry Brillac, Université Toulouse III - Paul Sabatier, 2014.
- World Contraceptive Patterns 2013 www.unpopulation.org - United Nations, 2013
- Évaluation des techniques de stérilisation chez la femme et chez l'homme - Document de synthèse des travaux de l'Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé (ANAES) diffusé par la Haute Autorité de Santé (HAS)
Il a été mis à jour pour la dernière fois le 25 mai 2016.