Vous avez dit sexologue ?
Le sexologue est un spécialiste en sexologie. Il est donc un praticien ayant une excellente connaissance de la sexualité humaine et il dispose de techniques et de méthodes permettant de résoudre des problèmes sexuels.
Sommaire
La profession de sexologue : qui peut se dire sexologue ?
Il faut tout d'abord savoir que la profession de sexologue n'est pas réglementée. N'importe qui peut se dire sexologue et mettre sa plaque au bas d'un immeuble, sans aucune connaissance ou compétence particulière. Cette non réglementation de la profession permet à de nombreuses personnes, sans aucune compétence, de se dire sexologue au détriment de leurs consultants !
Ce n'est que depuis 1999 qu'il existe un diplôme Universitaire de sexologie, reconnu par l'ordre des médecins, d'une durée de 3 ans, permettant au médecin qui en est titulaire, de le porter sur ses ordonnances et d'en faire état auprès de ses patients.
Avant 1999, le médecin qui voulait se former à la sexologie devait le faire au travers de congrès, de lectures et revues spécialisées et de formations non universitaires privées dont certaines étaient sérieuses et d'autres pas.
La sexologie en France
Rappel de son développement
C'est en 1974 qu'a eu lieu le premier congrès international de sexologie, présidé par un professeur en médecine, patron d'un des plus renommés services de Gynécologie parisien, le professeur Netter. Si la sexologie a commencé à être reconnue dans le monde parisien à partir de cette date, comme pouvant être une discipline médicale, il en était tout autrement en province.
Ce n'est donc que depuis quelques années que la rubrique sexologue peut figurer également sous la rubrique "médecins" dans les pages jaunes.
Qui sont les sexologues en France ?
D'un point de vue général, le sexologue Français a suivi une formation initiale dans le domaine de la médecine ou de la santé et a exercé durant quelques années avant de s'orienter vers la sexologie. Il est alors un médecin sexologue.
Concrètement on peut dire qu'il existe deux types de sexologue, le sexologue-médecin et le sexologue non-médecin.
Le sexologue-médecin est un médecin qui a suivi une formation universitaire en sexologie durant 3 années. La majorité d'entre eux continue de pratiquer leur spécialité telle que gynécologie, urologie ou psychiatrie, etc tout en se consacrant à temps partiel à la sexologie. Il existe peu de médecins s'intéressant exclusivement à la sexologie.
Le sexologue non-médecin qui contrairement à son confrère ne possède pas de diplôme de docteur en médecine, a également suivi une formation en sexologie de 3 ans. Il peut être psychologue, sage-femme, kinésithérapeute etc…
Une étude réalisée par l'INSERM en 1999 a révélé qu'un tiers des sexologues français sont des médecins généralistes, un tiers des médecins spécialistes et un tiers sont des non-médecins appartenant à d'autres professions de la santé.
La profession de sexologue n'étant pas protégée, il est tout à fait légitime de vouloir connaître le parcours et les diplômes obtenus par celui que l'on consulte c'est pourquoi il ne faut pas hésiter à les lui demander. Le diplôme de sexologie garantit que le spécialiste qui va vous prendre en charge a bien suivi une formation dans ce domaine.
L'activité professionnelle
La majorité des sexologues en France exerce dans un cadre libéral et à temps partiel en parallèle de leur activité principale qui peut être la gynécologie, l'urologie, l'andrologie, la psychiatrie etc…
D'un point de vue statistique, 59,6% des sexologues-médecins et 37,1% des sexologues non-médecins consacrent moins de 25% de leur activité professionnelle à une activité liée à la sexologie.
Il semblerait donc, précise Alain Giami, Directeur de recherche à l'INSERM dans une publication de 2006, que « L'exercice de la sexologie ne consiste donc pas en une activité à temps plein mais plutôt à une activité qui s'inscrit dans l'exercice de leur profession d'origine. On peut ainsi considérer que pour la majorité de ces professionnels, la sexologie correspond à une spécialisation dans le cadre de leur activité principale.»
Rôle du sexologue ?
L'une de ses fonctions est de donner une information fiable afin de corriger les idées reçues et les fausses croyances liées à la sexualité, souvent à l'origine de difficultés sexuelles individuelles ou conjugales.
Son rôle n'est pas seulement éducatif puisqu'il peut également être amené entre autres à :
- dédramatiser une situation conflictuelle dans le couple
- déculpabiliser un des deux partenaires
- déconditionner d'une mauvaise habitude comportementale
- aider le partenaire en souffrance avec une thérapie adaptée
- aider le couple à retrouver une sexualité épanouissante si une base d'amour existe encore entre les partenaires.
Cette liste est, bien évidemment, loin d'être exhaustive.
Enfin, il a également un rôle de prévention en informant ses patients sur les maladies et infections sexuellement transmissibles et en les sensibilisant à la pratique du « safe sex ».
Une profession qui se féminise : plus de femmes sexologues en France
Une première enquête menée en 1999 avait montré que la profession de sexologue en France était plutôt masculine puisque selon les chiffres la majorité des praticiens étaient des hommes. Une nouvelle enquête réalisée 10 ans après, révèle une féminisation de la profession. En effet, en 1999 seulement 39 % des sexologues exerçant en France étaient de sexe féminin, elles représentent désormais 63 % d'entre eux selon les résultats de l'étude de 2009.
« Du côté des médecins, les hommes représentaient plus que les deux tiers avec 68 % des effectifs en 1999. Le processus de féminisation a établi une égalité entre les hommes et les femmes parmi les médecins. En revanche, du côté des non-médecins où les hommes et les femmes se trouvaient déjà presque à égalité en 1999 avec 52 % de femmes, on assiste à une augmentation de la part des femmes qui représentent désormais plus de 80 % des effectifs.» précise les auteurs de l'enquête.
Quand consulter un sexologue ?
Il est généralement consulté pour surmonter des difficultés d'ordre sexuel qu'elles soient individuelles ou de couple.
Du côté masculin, l'éjaculation précoce ou retardée et les troubles de l'érection sont les principaux motifs de consultation.
A lire : les dysfonctions sexuelles masculines les plus courantes
Du côté féminin, la femme consulte le plus fréquemment pour des troubles du désir, une difficulté orgasmique ou des rapports douloureux voire impossible.
A lire aussi : ces troubles sexuels qui perturbent la sexualité de la femme
En moyenne autant d'hommes que de femmes ont recours aux conseils d'un sexologue. Les hommes célibataires auraient néanmoins tendance à consulter plus facilement que les femmes seules.
Tout le monde peut consulter un sexologue : célibataire ou en couple, homme ou femme, quelque soit votre orientation sexuelle et quelque soit votre âge, il ne faut pas hésiter à solliciter l'avis d'un spécialiste notamment lorsque des questions liées à votre vie sexuelle surviennent ou quand une difficulté au sein du couple apparaît.
Que se passe-t-il dans le cabinet du sexologue ? : la première consultation
Souvent mystérieuse pour le futur patient qui ne sait pas trop ce qu'on va lui demander, la consultation en sexologie est une consultation longue qui peut durer entre 30 minutes et une heure en fonction du praticien.
Venir seul(e) ou à deux ?
Consulter seul(e) ou se faire accompagner de son ou sa partenaire est une question que se pose chaque individu ou couple désirant faire appel à un sexologue. La décision de consulter en couple va dépendre de ce qui est plus facile. En effet, si venir seul(e) permet de parler plus librement, plus facilement de son problème alors il vaut mieux, au moins au début, consulter seul(e) même si la présence du ou de la partenaire est parfois essentielle pour établir un diagnostic précis.
« L'entretien du couple est aujourd'hui un préalable indispensable pour la résolution du symptôme sexuel, masculin ou féminin. Il doit permettre d'entendre séparément chaque partenaire puis de les rencontrer en couple »
Philippe Brenot, histoire et théories des thérapies de couple, Manuel de sexologie, p.308
Bien évidemment si l'autre ne veut pas en entendre parler prétextant que « c'est toi qui a un problème pas moi ! » la décision est alors vite prise ! Forcer l'autre dans une démarche qu'il ou elle n'a clairement pas envie d'effectuer peut entraîner des blocages et au final faire plus de mal que de bien au niveau du couple.
Plus une personne, homme ou femme, est rassurée par l'attitude de l'autre et se sent soutenue dans sa démarche plus le problème ou la difficulté sexuelle pourra être surmontée rapidement.
Il ne s'agit pas de savoir à qui revient la faute mais bien de résoudre le problème du couple et au final quand la relation sexuelle s’épanouit, le plaisir résultant de cette amélioration est partagé par les deux !
La consultation en elle même
Tout d'abord, après avoir expliqué le motif de cette première consultation, le sexologue procédera à un interrogatoire médical. Portant aussi parfois le nom d'interrogatoire sexologique il a pour but d'une part de faire un bilan médical (antécédents, traitements en cours, etc) mais également un bilan sur la vie sexuelle de chacun et de préciser où se situe le problème du couple. Des thèmes comme la sexualité dans le milieu familial durant l'enfance, la masturbation, l'orgasme, les fantasmes, la première relation sexuelle, le nombre de partenaires, l'infidélité etc… pourront être abordés durant cet interrogatoire.
Afin d'éliminer une cause organique, un examen médical ou examen des organes génitaux peut être nécessaire mais n'est pas systématique. Il peut être préconisé si aucun examen n'a été récemment effectué par un médecin généraliste ou un gynécologue et si l'interrogatoire précédent laisse présumer l'existence d'un éventuel trouble physique. Cependant le plus souvent, l'interrogatoire permet de comprendre l'origine du problème à savoir si celui-ci est organique ou comportemental, individuel ou relationnel.
Cet examen médical peut être pratiqué par le sexologue lui même, s'il est médecin, ou par un confrère médecin, s'il ne l'est pas. Sachez cependant que si vous préférez voir votre propre médecin traitant ou votre gynécologue pour cet examen vous avez parfaitement le droit de refuser celui-ci. Aucun médecin ne peut vous forcer à subir un examen que vous ne désirez pas.
En fonction de la difficulté rencontrée, une orientation vers un autre professionnel pourra éventuellement être envisagée, tout comme la prescription d'examens complémentaires tels que des examens de laboratoire (dosages hormonaux, spermogramme), des examens radiologiques ou échographiques (prostate, utérus) ou des examens spécialisés ( Doppler, cœlioscopie).
Enfin, avant que la consultation ne se termine le sexologue vous donnera un aperçu des solutions thérapeutiques envisageables pour vous aider à résoudre le problème qui vous a amené à consulter.
Suivant la dysfonction, la thérapie sera orientée vers une psychothérapie ou une thérapie comportementale ou des conseils généraux sur la sexualité (ce qui suffit parfois pour débloquer une dysfonction sexuelle non organique ou une situation conflictuelle entre deux partenaires).
Il ne doit jamais et en aucune manière provoquer un excitation sexuelle chez son patient ni avoir des rapports sexuels avec.
Il ne doit pas vous demander de vous déshabiller, encore moins de passer à un quelconque acte sexuel, sous prétexte "de vous faire découvrir quelque chose". La relation thérapeutique entre le patient et le sexologue ne peut et ne doit pas avoir une connotation érotique, pas plus qu'entraîner une dépendance névrotique du patient vis-à-vis de son thérapeute.
Tarifs et prise en charge
Les prix pratiqués par les sexologues peuvent varier du simple au double selon la région où l'on se trouve. En moyenne, une consultation coûte entre 50 et 100 euros en cabinet privé. Les tarifs des consultations à l’hôpital sont généralement moins onéreux mais les délais pour obtenir un rendez vous sont assez long car ces consultations sont souvent très demandées.
Un remboursement par la sécurité sociale est possible lorsque le sexologue choisi est également médecin. Les consultations réalisées par des sexologues non-médecins ne sont quant à elles pas remboursée par la sécu. Enfin en fonction de la mutuelle dont on est adhérent, une prise en charge peut éventuellement être possible. Il convient donc de se rapprocher de son organisme afin d'en savoir plus.
Où trouver un spécialiste ?
Bien que la majorité des sexologues reçoivent leurs patients exclusivement dans un cabinet privé, certains d'entre eux dispensent également des consultations à l’hôpital.
Vous cherchez un sexologue, plusieurs solutions s'offrent à vous :
- demander à votre médecin traitant de vous communiquer le nom d'un sexologue de sa connaissance
- consulter l'annuaire du site de l'AIUS (Association Interdisciplinaire post-Universitaire de Sexologie) www.aius.fr
- consulter l’annuaire du site du SNSC (Syndicat National des Sexologues Cliniciens) www.snms.org (Les praticiens qui ont adhéré au syndicat se sont engagés à respecter le code d'éthique du SNMS)
- contacter l’hôpital le plus proche de chez vous afin de savoir si des consultations de sexologie y sont dispensées
En résumé :
A propos de la profession de sexologue, on peut dire que :
- Elle n'est ni protégée, ni réglementée, il faut donc rester vigilant et s'assurer que le spécialiste que l'on consulte est un professionnel qui possède un diplôme en sexologie.
- En France, les 2/3 des sexologues sont également titulaires d'un diplôme de docteur en médecine.
- Il y a autant d'hommes que de femmes qui consultent.
- Tout le monde peut consulter et ce quelque soit son sexe, son orientation sexuelle, son âge ou sa situation de couple.
- Il est possible de consulter seul(e) ou à deux en sachant qu'il est parfois préférable pour le couple de faire la démarche ensemble.
- La première consultation en sexologie consiste principalement en un interrogatoire afin de faire un bilan médical ainsi qu'un bilan sur la vie sexuelle individuelle et/ou de couple.
- Un examen médical peut avoir lieu uniquement si le sexologue est médecin et s'il soupçonne un trouble physique. Cet examen est loin d'être systématique et le patient peut le refuser s'il ne souhaite pas être examiné.
- Au cours de la consultation, le spécialiste abordera avec son patient les différentes solutions thérapeutiques envisageables pour résoudre son problème.
- La consultation d'un sexologue-médecin est remboursée par la sécurité sociale ce qui n'est pas le cas avec les sexologues non-médecins. Certaines mutuelles offrent une prise en charge.
Sources
- Giami A., de Colomby P. et le groupe Euro-Sexo, La profession de sexologue en Europe : diversité et perspectives communes, [Sexology as a profession in Europe: differences diversity and common perspectives], Sexologies, Revue Européenne de Santé sexuelle, 2006, 1, 7-13.
- Giami A., de Colomby P., Profession sexologue ?, Sociétés contemporaines, 2001, 41-42, 41-63.
- Giami A, et al, Les professionnels de la sexologie en France : quelques évolutions, Premiers résultats de l’enquête nationale (2009), Sexologies, 2009,Volume 18(4), 265-269 Doi:10.1016/j.sexol.2009.09.010
Auteur de l'article
Diplômé d'un Doctorat en médecine générale, titulaire d'un certificat de spécialité en gynécologie ainsi que d'un diplôme inter-universitaire de sexologie, le Dr Michel Serre a assuré des consultations de sexologie durant plus de 30 ans dans le Centre Hospitalier Universitaire de Caen. Il est à l'origine de la création du site sexoconseil qui a vu le jour en 2000.
Mis à jour le 17 juillet 2020 par Véronique Serre auteur de livrets d'éducation sexuelle et rédactrice d'articles sur le thème de la sexualité pour le site sexoconseil depuis 2006.
Sur le même sujet :